Bien saisir les enjeux de la refonte de la gestion des AMP

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L’objectif des AMP est d’assurer une accessibilité aux services médicaux offerts dans certains secteurs jugés prioritaires.

Les plus perspicaces d’entre vous aurez remarqué que le DRMG de Montréal a procédé à une refonte de sa gestion des AMP depuis le 1er février 2022. Pour comprendre le raisonnement qui sous-tend cette décision, il est impératif de bien saisir certains éléments et le contexte qui l’ont motivée.

Les AMP – lettre d’entente 51

Tout d’abord, on doit garder en tête que les AMP visent à assurer une accessibilité aux services médicaux offerts dans certains secteurs jugés prioritaires en prévenant les bris de service dans certains milieux cliniques tout aussi prioritaires. L’exemple classique est la salle d’urgence d’un établissement de courte durée.

D’aucuns diront que toutes les activités cliniques des médecins de famille du Québec, à quelques exceptions près, sont des activités prioritaires. Au sens large, c’est vrai. Mais au terme de l’esprit de l’entente sur les AMP, celles-ci sont les activités ciblées par le DRMG d’une région comme étant des priorités prioritaires (pour ne pas citer un ancien premier ministre), c’est-à-dire des activités où la couverture est plus fragile et à risque de bris de service qui pourrait causer un préjudice à court terme à la population. L’exemple du millier de lits orphelins en CHSLD de la métropole, il y a quelques années, en est un parmi tant d’autres. Le DRMG ne se positionne pas ici pour ou contre les AMP, mais doit s’assurer que l’entente soit appliquée en respectant l’esprit de L’entente dont elles sont issues (EP51), en s’assurant de protéger les milieux de soins plus fragiles en termes d’effectifs médicaux.

Elle stipule que tout médecin participant au régime public doit y adhérer, en pratiquant 12 heures par semaine, 44 semaines par année, dans certains des secteurs prioritaires susmentionnés, pour une durée de 15 ans.

La durée de l’engagement à l’entente AMP est de deux ans. À ce terme, le médecin peut soit reconduire son AMP, soit demander un changement de catégorie d’AMP. Un médecin désirant changer son AMP en cours d’engagement devra fournir une preuve écrite du chef de service où était effectuée cette AMP que cette modification n’entraîne pas, à court ou moyen terme, de bris de service dans le secteur délaissé.

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Une île, une région

La réalité de Montréal est que les différents RLS de l’île ont des réalités cliniques qui leur sont propres, et qui nécessitent donc qu’on adapte les activités prioritaires en fonction des spécificités locales. De la même façon, la répartition et le recrutement des nouveaux facturants (PREM), tient compte des réalités de chacun des RLS, et la sélection finale des candidats se fait en tenant compte de l’adéquation entre les intérêts de pratique des médecins et les besoins cliniques des territoires.

Venons-en aux faits

Essentiellement, les changements au niveau de l’administration de la gestion des AMP se déclinent ainsi :

Les AMP sont rendues disponibles par territoire, c’est-à-dire que chaque RLS a un panier d’AMP disponibles qui lui est propre. Le choix de la disponibilité de ces AMP repose sur les besoins prioritaires annoncés aux candidats durant les mois précédents le processus d’application aux PREM.

Les AMP disponibles peuvent l’être de façon limitée ou illimitée, selon les besoins d’un territoire. Par exemple, si une urgence est en déficit d’un seul médecin à temps plein, il y aura 2x6h d’AMP d’urgence disponibles pour cette installation.

Les AMP d’un détenteur d’avis de conformité doivent s’effectuer, en principe, dans le RLS où il effectue 55% de ses journées facturées. Par ailleurs, avec l’accord du chef de table locale de son RLS, un médecin pourrait se voir accorder ses AMP dans un autre territoire de l’Île. Évidemment, les médecins détenant un avis de conformité émis pour toute la région de Montréal gardent la possibilité de faire leurs AMP dans n’importe quel des 12 RLS.

L’AMP de prise en charge de 500 patients (dont 250 provenant du GAMF ou d’un transfert en bloc d’un médecin quittant la pratique) redevient disponible, à hauteur variable, selon les différents RLS.

La gestion des AMP comporte des choix parfois difficiles, mais elle vise à s’assurer que la population reçoive des soins dans les secteurs où la continuité des services est cruciale. Le succès de cette gestion repose sur le partage le plus équitable possible des responsabilités qui nous incombent comme médecin. Nous pouvons également vous assurer par le biais de paramètres bien définis, qu’une approche collégiale est privilégiée par le DRMG.

Dre Ariane Murray
Chef de table locale et coordonnatrice médicale locale
au RLS Verdun – Côte-St-Paul – Saint-Henri – Pointe-St-Charles
CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal