Soins de santé et achats en ligne

Photo: medphoto@jgh.mcgill.ca

Notre réseau de soins de santé a été mis à rude épreuve récemment, ce qui a mis en relief ses forces et sa résilience et, en même temps, ses limites et ses faiblesses. Les besoins croissants et variables dans le temps sont confrontés à l’offre de soins qui n’est pas extensible à l’infini. Pour y faire face, il apparaît plus que jamais important d’adapter cette offre en connaissant mieux les réflexes de consommation de la population.

Il est possible de faire un parallèle avec ces réflexes de consommation des soins et les habitudes d’achat de biens. On acquiert rarement un véhicule directement sur internet, préférant plutôt une visite chez le concessionnaire. Par contre, on visitera de notre salon les Amazon de ce monde pour l’achat d’une spatule pour la cuisson. La même spatule sera achetée au magasin si le besoin se fait sentir juste avant un repas et qu’il ne peut être retardé au lendemain. De plus, certains sont habitués à acheter des vêtements en ligne alors que ce geste est impensable pour d’autres consommateurs.

Ainsi, aurions-nous avantage à mieux connaître, comme les géants du web, les réflexes de consommation des soins de notre population pour moduler l’offre que nous sommes en mesure de fournir? Les facteurs comme la connaissance du réseau de la santé et la réalité socioéconomique et culturelle des patients influenceront fortement le moment et l’endroit de consommation des soins. Une mère monoparentale en situation d’emploi précaire aux prises avec un enfant fiévreux en début de soirée aura probablement un choix temporel et de lieu de consommation de soins fort différents de celui d’un patient adulte entouré d’une équipe de professionnels en maladie chronique.

Il est à parier qu’il serait plus judicieux pour tous, dispensateur de soins et consommateurs de soins, de connaître avec plus de précision ces réflexes de consommation pour ajuster notre présence en temps et en nombre pour répondre à ces besoins de consultation.

Est-il utopique d’espérer éduquer nos consommateurs à rechercher des soins avec le bon professionnel, dans le lieu approprié et au temps voulu de la journée pour permettre à nos ressources limitées de répondre avec finesse à l’ensemble des demandes de soins?

Dr François Loubert
Chef du DRMG de Montréal